Une install party est un évènement durant lequel nous demandons à notre public intéressé d’amener leurs ordinateurs et téléphones portables en vue de l’installation de systèmes d’exploitation libres (Linux, ou LineageOS sur Android…).
L’atelier prend généralement un après-midi.
Nom | Install Party |
Format | Atelier |
Durée | 4h |
Prérequis | Sauvegardes préalables |
Public cible | Tout public souhaitant se dégoogliser |
Tranche d’âge | N/A |
Sujets abordés | Formation à des systèmes d’exploitation libres |
Première présentation | le 26 octobre 2019 à 42Paris |
Matériel requis | Connexion internet, clés bootables, outils de démontage, clé wifi |
Avant-propos🔗
Il convient de ne pas organiser une install party comme un premier évènement dans un lieu accueillant un public de personnes non-initiées au numérique libre.
Une install party est généralement précédée, sur plusieurs semaines ou mois, par un ou plusieurs évènements présentant le « pourquoi » se dégoogliser, sans quoi le public, même militant, ne sera pas intéressé par l’idée de formater ses appareils (en particulier dans le cas d’un téléphone où la migration de données est difficile).
Prérequis🔗
Une install party demande beaucoup de préparation, ne venez pas organiser l’atelier les mains dans les poches.
Recensement des encadrant·es🔗
On considère qu’il faut en moyenne un·e encadrant·e et deux heures de maintenance par participant·e. Si vous êtes trois personnes pour un atelier de quatre heures, comptez un nombre de participant·es maximal de 6 personnes.
Durée de l’atelier | Nombre d’encadrant·es | Public maximum |
2 heures | 2 | 2 |
2 heures | 3 | 3 |
2 heures | 4 | 4 |
2 heures | 5 | 5 |
4 heures | 2 | 4 |
4 heures | 3 | 6 |
4 heures | 4 | 8 |
4 heures | 5 | 10 |
4 heures | 6 | 12 |
Le « public maximum » désigne le nombre de personnes souhaitant réaliser une installation sur téléphone ou ordinateur, et pas nécessairement le nombre de personnes intéressé·es par l’atelier : certaines personnes peuvent venir juste pour demander quelques conseils, ou avec des problèmes très triviaux à régler, et ne sont pas comptabilisées.
Notez aussi qu’un atelier de deux heures peut être difficile à organiser − il est facile de tomber sur un pépin technique, en particulier sur les téléphones, mais pas que.
Il est impératif que les encadrant·es soient formé·es au préalable et disposent du matériel nécessaire à la réalisation de l’atelier (en priorité : les clés bootables).
Une personne n’ayant jamais réalisé d’installation de système libre sur un téléphone ne peut prétendre à en installer : nos participant·es ne sont pas des cobayes, nous ne sommes pas en condition de test, vous devez savoir ce que vous faites. Entraînez-vous au préalable sur des appareils que vous possédez.
Alternativement, si un·e encadrant·e n’a pas les compétences (ou ne souhaite pas organiser d’installation), l’encadrant·e peut s’occuper de l’accueil et du conseil, car il y aura besoin d’une personne dédiée à ce rôle.
Recensement des participant·es🔗
Ne faites pas l’erreur d’organiser une install party sans estimer au préalable combien de personnes vont venir. Si vous vous retrouvez avec plus de participant·es que d’encadrant·es disponibles, vous risquez de faire attendre une personne pendant quatre heures (ce n’est pas super amusant de gâcher son après-midi).
Recenser les participant·es permet d’éviter ce genre de situation gênante pour notre public. Cela peut se faire avec un simple formulaire d’inscription à remplir, qui préconise également de réaliser des sauvegardes et/ou de nettoyer l’ordinateur de fond en comble avant l’installation.
Avertissements et préparatifs pour les participant·es🔗
Les participant·es doivent être informé·es que l’installation se fait sans aucune garantie pour leur matériel : même si tout devrait bien se passer, il n’est pas certain que la personne reparte avec une machine fonctionnelle et des accidents peuvent avoir lieu (dans le pire des cas : brick du matériel suite à une mise à jour du BIOS, perte de données…).
Il est primordial que l’association se désengage formellement de cette responsabilité avant de commencer pour éviter toute retombée qui pourrait avoir de lourdes conséquences (demande de dommages et intérêts en justice…).
Ensuite, chaque participant·e doit être informé·e de la nécessité de réaliser des sauvegardes de toutes leurs données sur un support externe : même en cas d’installation de dual boot, un repartitionnement peut mal se passer. Les participant·es doivent venir avec un matériel dont les données sont déjà sauvegardées avant l’atelier pour éviter de perdre une heure dans la copie des fichiers.
Préparation du matériel🔗
(Pour les installations sur ordinateur uniquement)
Un prérequis indispensable à la tenue d’une install party consiste à préparer une ou plusieurs clés bootables en avance.
Avec des clés USB🔗
Ces clés doivent être flashées avec un outil comme Rufus pour Windows ou tout simplement la commande dd
.
- Préparez 1 à 3 clés USB de 4 Go minimum.
- Téléchargez des images (format ISO) des systèmes d’exploitation libres populaires comme Ubuntu ou Debian, depuis leurs sites officiels.
- Ubuntu : prenez la version LTS de préférence, si vous avez une clé en trop, vous pouvez aussi prendre la dernière version
- Debian : attention, ne prenez pas l’image Netinst qui est proposée par défaut, mais plutôt l’image « DVD » (image d’installation complète), ce qui facilitera l’installation au cas où il n’est pas possible de connecter la machine à Internet, ce qui arrive souvent si le matériel réseau ne fonctionne pas dès l’installation.
- Si vous avez une clé en trop, prenez aussi une image de Debian Testing, il y a des chances qu’elle soit plus compatible au détriment de sa stabilité.
- Linux Mint
- Elementary OS (si vous avez encore de la place)
- Arch Linux, Finnix (sert toujours pour dépanner, en particulier Finnix)
- Hiren’s Boot CD ou équivalent : c’est une installation portable de Windows, très utile pour réaliser une mise à jour d’un BIOS par exemple.
- Il peut être envisageable de garder sur vous un ISO de Windows (ou dérivés non vérifiés comme Arium) au cas où l’installation ne se passe pas bien, mais cela serait illégal sans clé de licence Windows.
- Au cas où, vous pouvez également prendre des versions 32 bits voire ARM des distributions Linux de votre choix ; il peut vous arriver de tomber sur un ordinateur 32 bits.
- Installez-les avec Rufus ou avec dd :
sudo dd if=votreimage.iso of=/dev/sdX bs=16M oflag=direct status=progress
- ATTENTION : modifiez /dev/sdX
par l’identifiant de votre clé (ex.: /dev/sdd
, utilisez lsblk
pour le trouver), cette commande est triviale mais si vous vous trompez dans l’identifiant vous pourriez flasher votre disque dur interne à la place et ainsi perdre toute votre station de travail (ça serait dommage).
- Attendez 10 minutes et votre clé est prête (à être testée).
Avec Ventoy🔗
Ventoy est un gestionnaire d’ISO bootables qui peut s’installer sur un disque dur externe.
- Prenez un disque dur (ou SSD) externe vierge d’une taille supérieure ou égale à 128 Go.
- Installez Ventoy.
- Téléchargez tous les ISOs de votre choix (voir la section précédente) et déplacez-les sur la partition appropriée du disque.
- Testez votre Ventoy sur un ordinateur.
Autres outils🔗
- Si vous prévoyez de réaliser des installations sur téléphone, essayez de connaître à l’avance les modèles concernés et de télécharger les images système de ces modèles au préalable, vous gagnerez du temps.
- Prévoyez éventuellement un petit kit de démontage si vous avez besoin d’intervenir sur le matériel (ce qui n’est jamais souhaitable mais parfois nécessaire dans de rares cas).
- Si possible, prenez avec vous des outils pouvant toujours être utiles pour une installation, comme une clé wifi au cas où l’OS à installer n’aie pas le pilote nécessaire pour utiliser la carte interne de l’ordinateur au moment de l’installation.
Installation sur ordinateur🔗
Partitionnement préalable (dual boot)🔗
Si l’on vous demande un dual boot, il vous faudra sans doute réduire la taille d’une partition existante.
Vous pouvez utiliser l’outil de gestion des partitions intégré à Windows, mais il peut parfois être compliqué de toucher à un système en cours de fonctionnement.
Alternativement, si vous avez une clé Ubuntu à disposition, vous pouvez utiliser l’outil GParted fourni dans l’image live (voir la section suivante pour démarrer sur une clé), sous réserve que la partition à réduire ne soit pas chiffrée (Bitlocker, LUKS…).
Il vous faudra demander à la personne combien de Go elle souhaite consacrer à chaque OS. Par défaut, moitié moitié, ou un peu plus pour Linux.
Faire démarrer votre clé🔗
- Avant toute chose, demandez à la personne si elle a bien réalisé des sauvegardes de son ordinateur et qu’elle n’a rien à perdre (même si vous préparez un dual boot, une erreur est vite arrivée). Expliquez que vous n’êtes pas responsable si la personne perd des données.
- Demandez-lui ce qu’elle préfère (dual boot, single boot, système d’exploitation) et préparez vos clés en conséquence. Si la personne ne sait pas quel système choisir, choisissez pour elle.
- Les dual boot sont généralement faciles à installer, mais on préfèrera les single boot par défaut, parce que Windows 10/11 a tendance à intervenir dans le BIOS ou la partition de boot pour être sûr d’être le seul système utilisable, Linux peut donc devenir inutilisable après une mise à jour. Ça n’arrive pas tout le temps mais ce genre de situation a déjà été rencontrée par le passé.
- Entrez dans le BIOS. Pour ce faire :
- Sur Windows 10/11, allumez l’ordinateur et déverrouillez la session. Dans le menu Démarrer, cliquez sur le logo Arrêt, puis sélectionnez Redémarrer en maintenant la touche Shift appuyée. Dans les options avancées, trouvez l’option « Accéder au microprogramme UEFI ».
- Sur d’autres systèmes : à l’allumage, martelez les touches Esc/F1/F2/F3/Suppr/F12 (on ne sait jamais lesquelles c’est, ça change selon les constructeurs).
- Au moment du redémarrage dans le BIOS, insérez votre clé.
- Assurez-vous que le BIOS est en UEFI si disponible (pas en Legacy).
- Activez le boot sur USB (cherchez l’option). Modifiez l’ordre de boot pour mettre les périphériques USB avant le disque dur, ou utilisez l’option « Boot Override » pour sélectionner explicitement votre clé pour le prochain démarrage.
- Si ça ne fonctionne pas :
- Vérifiez les entrées du BIOS. L’ordre de boot doit permettre à votre clé de boot avant Windows. Sinon, Windows a peut-être encore bidouillé le BIOS.
- Revérifiez le BIOS pour vous assurer qu’aucune option n’empêcherait votre clé de boot (testez notamment de désactiver le Secure Boot, désactiver les « Windows Optimized Defaults » ou d’autres options similaires.
- Vérifiez que votre clé fonctionne (c’est bête mais ça arrive).
- Vérifiez que l’architecture de l’image que vous essayez de démarrer correspond bien à l’architecture cible (ARM, 32 bits, 64 bits…).
- Si ça boot, bravo, vous avez fait le plus dur.
L’installation🔗
- Si vous pouvez choisir le mode de partitionnement, ne vous prenez pas la tête : utilisez le disque dur entier si possible, en partitionnement simple, sinon (en cas de dual boot) vous pouvez éventuellement utiliser LVM).
- Ne vous sentez pas obligé·e de séparer la partition home et la partition système, cela peut causer des problèmes : la limite de 30 Go pour la partition root peut facilement être atteinte si
apt
ne nettoie pas ses paquets installés dans son cache, si systemd enregistre trop de journaux de manière incontrôlée… ou si flatpak
est utilisé pour installer des applications… (remplissage de la partition à 100% garantie). Si la partition système est remplie, le système ne démarrera plus.
- Demandez à la personne si elle souhaite chiffrer son ordinateur (avec des partitions LUKS), expliquez-lui que personne ne pourra récupérer ses données si elle perd le mot de passe − et qu’un mot de passe de 10 caractères n’est pas suffisant, il faut penser en phrases de passe).
- En cas de dual boot, il peut être avisé d’effectuer un partitionnement manuel. Pensez à créer une partition de boot dédiée à Linux (pour le GRUB), une partition swap et une partition pour le système.
- Assurez-vous que la partition /boot fasse au moins 500 Mo de préférence, elle est souvent trop petite et ça cause des problèmes lors des mises à jour du kernel.
- Ne créez pas de compte root (sauf demande explicite). Laissez les champs vides à cette étape. Le compte utilisateur pourra utiliser sudo pour avoir les privilèges superutilisateur.
- Demandez à la personne de définir son nom d’utilisateur et son mot de passe.
- Lors du choix du gestionnaire de bureau : si vous avez le choix comme sur Debian, je vous conseille de partir sur GNOME sauf demande explicite, c’est de loin le gestionnaire le plus accessible et esthétique, et il y a un bon support puisqu’il s’agit d’un choix répandu.
- Concernant les dual-boots : dans l’idéal, GRUB doit démarrer en premier et laisser la possibilité de choisir Windows ou Linux. S’il ne propose que Linux, ajoutez
GRUB_DISABLE_OS_PROBER=false
dans /etc/default/grub
.
Temps d’attente pour l’installation : 5 minutes sur un SSD NVMe, 10 minutes sur un SSD SATA, 1h sur un HDD. Travaillez sur une autre installation en simultané si c’est trop long.
Personnalisation et accompagnement🔗
Une fois sur l’OS fraîchement installé, il faut le rendre un minimum accueillant voire utilisable.
- Vérifiez : touchpad, audio, webcam, wifi. Si vous le pouvez, vérifiez aussi Bluetooth, lecteur de carte SD et Ethernet. Si quelque chose manque / ne fonctionne pas, recherchez le modèle de l’ordinateur sur le web, avec le modèle du périphérique défaillant (lsusb/lspci) et amusez-vous bien.
- Vérifiez que les dépôts d’apt soient bien configurés (il peut arriver qu’ils soient mal configurés après une installation classique sur Debian…
/etc/apt/sources.list
- Préparez un joli environnement avec tous les paquets nécessaires en fonction des besoins de la personne. Un script utile : debian-optimal − n’hésitez pas à contribuer pour l’améliorer, ou à écrire le vôtre et le partager.
- Présentez l’OS à la personne. Fonctionnalités de base, navigateur… Expliquez de manière accessible.
- Demandez-lui s’il manque quelque chose. Si oui, voyez en fonction de votre temps (si elle demande un jeu Windows sur Wine, dites lui de repasser, vous n’aurez généralement pas ce loisir en install party).
Répétez l’opération autant de fois que nécessaire sur les autres ordinateurs.
Installation sur téléphone🔗
Attention : réservé aux encadrant·es expérimenté·es.
- Avant toute chose, prévenez la personne que l’intégralité des données sur son téléphone vont être supprimées et qu’il n’est pas 100% garanti que nous parvenions à installer un système libre sur le téléphone.
- Analysez consciencieusement ses besoins pour vous assurer qu’une application bancaire ou d’authentification (France Identité / France Connect+) fonctionnerait toujours sur un Android dégooglisé, par exemple.
- Récupérez l’identifiant du modèle du téléphone cible.
- Recherchez s’il existe une ROM libre pour ce modèle :
- sur LineageOS ;
- sur DDDB ;
- sur les forums de XDA-Developers (dernière chance). Si vous ne trouvez aucun résultat, arrêtez-vous là.
- Suivez le tutoriel d’installation.
- Si besoin (mais cela sera généralement couvert par le tutoriel) :
- Mettez à jour les modules radio (souvent nécessaire en cas de mise à niveau majeure) ;
- Installez LineageOS Recovery si disponible (ou TWRP) ;
- Selon le modèle, vous aurez peut-être besoin d’outils (comme Odin pour Samsung, ou Mi Unlock pour Huawei). Ces applications peuvent nécessiter Windows pour fonctionner. Un Windows portable peut vous aider dans ce cas de figure.
- Au moment de flasher la ROM (après l’avoir téléchargée), prévenez qu’il s’agit d’un point de non-retour.
- Une fois le système installé, testez le wifi, les données mobiles, le bluetooth si possible, et surtout l’appareil photo.
- Poursuivez l’installation :
- Si besoin, considérez l’idée d’installer MicroG (des versions de LineageOS précompilées avec MicroG sont également disponibles).
- Installez F-Droid et Aurora Store (expliquez le concept) ;
- Installez OrganicMaps et éventuellement NewPipe depuis leurs dépôts.
- Installez Signal sur Aurora Store, et éventuellement Firefox ou équivalent plus libre si fiable.
- Vérifiez que les applications bancaires sont bien fonctionnelles si besoin (il est probable que non).
- Il n’est pas recommandé de rooter Android pour éviter des problèmes de sécurité.
- Réalisez une petite démonstration, répondez aux questions, demandez si tous les besoins sont couverts et passez à l’appareil suivant.